Démarrer avec le BIM en toute simplicité : voici comment procéder
Iglesias Leenders Bylois travaille de manière très personnelle. Qu’il s’agisse de bâtiments publics, bureaux, bâtiments industriels ou projets d’habitation, de la construction et la rénovation de maisons individuelles ou de l’aménagement d’espace public : «ILB donne toujours à ses clients ce qu’ils demandent, mais pas nécessairement ce à quoi ils s’attendent.», déclare Leenders. Le bureau organise dès lors le travail du macro au micro, en soulignant l’importance du détail dans l’ensemble. La simplicité du concept et l’aspiration à des solutions créatives et économiquement justifiées constituent les points de départ de leur travail. «Nous essayons à chaque fois d’en faire quelque chose de beau et de nouveau, sans tomber dans l’expérimentation hasardeuse.»
«Prenez un cas concret, fixez-vous quelques objectifs réalisables et essayez d’y parvenir avec le BIM.»
— MEINDERT LEENDERS, architecte chez ILB
Cette approche a déjà aidé plusieurs fois les architectes à remporter des concours, comme pour le projet résidentiel Bergerheide à Peer. Sous mandat de Vlaanderen Bouwt ASBL et en collaboration avec l’entreprise de construction Dethier, ILB a conçu trois villas dans un parc. Les directives avaient déjà été établies assez clairement et le plan communal d’aménagement «Habitat dans le vert» devait également être respecté. Le bureau ILB s’est particulièrement consacré à ce dernier point, en optant pour un projet tenant compte des espaces ouverts, avec l’aménagement de toitures végétalisées au-dessus des garages. «Ce sont tous des appartements BEN (presque neutres en énergie), donc pertinents aussi sur le plan énergétique», précise Leenders. «Nous avons par ailleurs choisi de donner au bâtiment une volumétrie prononcée, en plaçant volontairement les terrasses aux coins, afin que chaque appartement puisse profiter d’une double orientation.»
Conception organique avec Vectorworks
Chez ILB, la première ébauche d’un projet est encore souvent élaborée dans SketchUp, une étape dont Leenders espère bientôt s’affranchir. «Il est vrai que SketchUp permet de créer rapidement de très belles images, qui rendent l’essentiel du projet, mais dès qu’on doit générer des plans 2D, on est bloqué.» Le choix temporaire de SketchUp comme premier programme d’ébauche relève surtout d’un manque de temps, pense Leenders: «Au départ, Vectorworks semble demander un plus gros investissement en matière de temps, mais en fait, on y gagne par la suite. Avec SketchUp, la première esquisse est très rapide, mais ensuite il faut quand même tout redessiner.» Un travail à la fois répétitif et superflu.
«Dans Vectorworks, on peut commencer de façon très rudimentaire, avec des formes ou avec des espaces, puis les murs, le sol... Par la suite, on peut détailler. Le modèle grandit avec votre projet. Tout a lieu de manière très organique.»
Une suite logicielle qui ne cesse d'étonner
Ce n’est pas comme si ILB n’avait pas essayé d’autre logiciel au fil des années. «Jusqu’à maintenant, c’est avec Vectorworks qu’on se sent le mieux. Le programme est intuitif et flexible. Vectorworks nous permet de transmettre rapidement des concepts personnels aux différents partenaires de la construction. Il peut aussi bien s’agir de la conception d’un feu ouvert, que de l’aménagement d’une place de marché.»
Leenders souligne l’avantage qu’a Vectorworks de ne pas tomber dans des solutions toutes faites qu’on pêche dans une bibliothèque. «Les autres programmes mettent assez souvent l’accent sur les bibliothèques, mais ce n’est jamais ce qui doit primer. Nous sommes avant tout des concepteurs. Le BIM est un moyen d’optimaliser le projet, mais ce n’est jamais l’objectif. Or, c’est pourtant ce que les autres logiciels semblent suggérer.»
« Contrairement à ce que promettent certains logiciels, vous ne pouvez pas tout trouver dans une bibliothèque. Si l’on part de ce point de vue, on ne peut plus rien concevoir.»
— MEINDERT LEENDERS, architecte chez ILB
Ces dernières années, Vectorworks a fait des pas de géant dans le domaine du BIM, sans perdre de vue la valeur 2D du programme. «C’est vraiment ce qui met Vectorworks en avant en matière de conception intelligente. Avec Vectorworks, vous pouvez continuer à adapter des éléments en 2D même après avoir commencé votre projet 3D. Ce n’est pas le cas avec les autres programmes.»
Ce n’est pas pour autant que Leenders exclut les bibliothèques : «Auparavant, c’était une frustration de recevoir toutes ces classes. Nous avions alors nos propres normes, basées sur une certaine structure par lots et cela créait une confusion.» Les architectes ont donc dû adapter leur méthode de travail pour une intégration correcte des bibliothèques. «Cela demande du temps, mais une fois que l’on constate dans quel but ces adaptations sont faites, on commence à apprécier cette nouvelle méthode de travail. D’autant plus que Vectorworks utilise toujours les normes de référence. C’est ce qui est chouette avec ce logiciel : on continue de découvrir et apprendre des choses.»
La maîtrise du BIM
Lors du passage au BIM également, Leenders a rapidement senti la réticence initiale de ses collègues se dissiper. «Beaucoup pensent que le BIM se limite uniquement à l’Open BIM, l’échange de fichiers IFC et l’adaptation du projet 3D. Mais ce n’est pas seulement ça.» Leenders considère que la vision du BIM est souvent beaucoup trop étroite : il inclut tableaux, nomenclatures et même cadres cartouches. «Selon moi, le BIM permet de dessiner efficacement. Générer des listes de plans assure une méthode de travail plus professionnelle, tout comme les références. Ces dernières permettent aux membres de l’équipe qui ne maîtrisent pas encore parfaitement la 3D de contribuer tout de même à la conception. Ils peuvent se charger de la partie en 2D ou dessiner des espaces et monter des façades.» Leenders a brièvement envisagé la nouvelle commande Partage de projet dans Vectorworks, «mais au vu de notre flux de travail, cela ne semble pas nécessaire pour le moment. Nous ne travaillons presque jamais en même temps sur le même fichier.»
«Inutile de dessiner trop de détails. Finalement, le BIM c’est savoir se maîtriser et essayer de saisir l’essentiel en 3D.»
— MEINDERT LEENDERS, architecte chez ILB
Un autre aspect important du BIM que Leenders cite ici est la possibilité de générer directement des coupes depuis votre modèle en 3D. La seule chose à laquelle il faut faire attention d’après l’architecte est la tendance à l’excès de détails. «Beaucoup d’architectes veulent tout dessiner, chaque barreau d’une balustrade, chaque suggestion d’un pot de fleurs, etc. Même l’intérieur est souvent esquissé. Bien évidemment, cela n’est pas nécessaire et alourdit fortement le fichier. Finalement, le BIM c’est savoir se maîtriser et essayer de saisir l’essentiel en 3D.»
Même lors de l’échange de fichiers IFC, il faut parfois se modérer. Tous les détails ne doivent pas être partagés avec des tiers. Pour la conception de Bergerheide, il est apparu qu’une colonne dans un mur gênait un export nécessaire. «Heureusement, ce problème a été résolu en transformant la colonne en symbole. De temps en temps, il faut trouver une solution de rechange. C’est logique. Vous concevez à votre manière et vous développez votre propre modèle BIM. Quel que soit le programme que vous choisissez, il ne fera jamais la maquette numérique à votre place. Vous devez vous en charger vous-même.»
Une vision large sur open BIM
Une fois la taille du fichier maîtrisée, les architectes ont procédé à plusieurs tests de partage réussis avec des bureaux d’ingénieurs. Dethier, développeur et entrepreneur du projet à Peer, était lui aussi très satisfait de l’export IFC. «Ils ont appliqué différentes requêtes, ont générés des blocs de maçonnerie dans le fichier et ont utilisé, par exemple, little BIM afin de produire plus rapidement les plans d’armature.»
Malgré les fichiers IFC utilisables, Dethier a finalement choisi de produire son propre modèle BIM, pour lequel les dessins d’ILB ont été utilisés comme base. «Pour ce projet BIM, nous nous sommes basés sur les dessins d’avant-projet existants. Suite à cela, il y avait beaucoup de mesures étranges dans le fichier. Il est même apparu que certaines lignes n’étaient pas tout à fait parallèles. Cela n’a rien d’étonnant, car beaucoup d’architectes différents travaillent en même temps sur ce fichier.» Leenders constate depuis qu’ils auraient mieux fait de commencer une nouvelle maquette dès le début du projet. «Un avant-projet peut différer de quelques millimètres ici et là, mais les fichiers IFC doivent correspondre parfaitement.»
Les projets qu’ILB a avancés pour le partage se sont finalement avérés trop détaillés. Ainsi, les architectes ont dessiné un évidement dans le mur qui devait accueillir une aération, chaque linteau de façade a été élaboré, ainsi que toutes les plinthes en béton apparent. «Bien évidemment, en tant qu’architecte, vous devez travailler de manière suffisamment détaillée, mais notre export équivalait déjà presque aux plans de production et ce n’est pas non plus le but.»
Débuter avec le BIM? Lancez-vous
Même si les échanges ne se sont pas tous parfaitement déroulés, Leenders reste très positif sur Bergerheide comme projet Open BIM : «C’était une très bonne école, tant pour nous que pour Dethier.» Tout au long du processus, les deux parties ont défini leur propre domaine d’activité. La conception restait entre les mains des architectes alors que l’entrepreneur s’occupait des plans de travail finaux. Le modèle Vectorworks a toujours servi de référence, ce qui favorise fortement la communication mutuelle.
«À présent, il ne se passe pas grand-chose lors de nos réunions de chantier. Nous ne rencontrons plus de problèmes majeurs. C’est l’avantage du BIM et de dessiner en 3D : chaque problème apparaît déjà lors du développement du modèle.»
Au départ, le BIM demande pas mal de travail, mais finalement on récupère toujours son investissement, d’après Leenders. «Outre le fait qu’on peut résoudre nombre de problèmes avant même qu’ils ne se posent, on peut aussi obtenir beaucoup de données à partir du modèle 3D. La semaine dernière, nous avons dû réaliser une nomenclature des fenêtres pour les trois blocs. Les fenêtres correspondaient au millimètre près. Il était indiqué la hauteur d’insertion, celle d’une entretoise inférieure élargie, etc. Nous devions lister plus de deux-cents fenêtres et en une après-midi, c’était fait. Essayez de faire ça en 2D. Cela vous prendra une semaine.»
Après ses expériences avec Bergerheide, Leenders est entièrement convaincu par le BIM avec Vectorworks, même si, selon lui, cela ne doit pas immédiatement signifier un passage complet à l’Open BIM. «Je pense que beaucoup de gens sont méfiants, car ils ne veulent pas aller jusqu’au bout immédiatement. Mais ce ne doit pas être le cas. Pour débuter avec le BIM, il suffit de se fixer quelques objectifs. Prenez un cas concret, rien de trop grand, et essayez de mettre cela en œuvre dans la maquette numérique. Plus vous commencez tôt, mieux ce sera.»
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