Des jardins qui se souviennent : conception, démence et intention

Pour le concepteur paysagiste de Melbourne, Paul Pritchard, les jardins sont plus que de beaux espaces : ils sont des vecteurs de mémoire, d’émotion et de connexion. Après près de trois décennies d’activité dans le secteur, Pritchard s'est retrouvé sous les feux de la rampe lors du Melbourne International Flower and Garden Show avec un projet profondément personnel et émouvant. Pour lui, ce jardin était un hommage à sa famille, un moyen de parler de la démence et un exemple du rôle que peut jouer le paysage dans la narration. Le résultat ? Une médaille d'or, un prix de la construction et quelque chose d'encore plus significatif : des visiteurs qui se rencontrent, se remémorent des souvenirs et partagent leurs propres histoires sur les conséquences de la démence et de la maladie d'Alzheimer, cette dernière étant la cause la plus fréquente de démence, responsable d'au moins 60 % des cas.
© Paul Pritchard et Lee Sanders Photography

Du studio à la terre

Le parcours de Pritchard dans le domaine de l'aménagement paysager n'a pas été linéaire. Il a commencé sa carrière en tant que graphiste, travaillant à l'intérieur, où il se concentrait sur la mise en page et les formes. Mais l'attrait du plein air et l'héritage familial du jardinage et de la rénovation ont progressivement pris le dessus. « Je ne me voyais pas rester à un bureau toute la journée », explique-t-il. « Je voulais être dehors, créer de vrais espaces. »

Cette impulsion l'a conduit à étudier l'horticulture à l'université, puis à rejoindre une entreprise d'aménagement paysager réputée à Melbourne. Il s'est rapidement orienté vers le côté construction de l'entreprise, apprenant à donner vie à ses créations dans le monde réel. Il a finalement fondé Paul Pritchard Landscapes, une entreprise qui existe depuis près de 30 ans et qui se spécialise dans la création de jardins résidentiels sur mesure à l'esthétique extraordinaire.

Concevoir avec une intention

Pour le Melbourne International Flower and Garden Show 2025, Pritchard ne souhaitait pas simplement créer une nouvelle pièce d'exposition. Son concept s'inspirait de son expérience personnelle : son père et son beau-père avaient tous deux souffert de la maladie d'Alzheimer, et ce jardin était pour lui un moyen de leur rendre hommage et de remercier l'association Dementia Australia, qui avait soutenu sa famille pendant ces moments difficiles.

« Les jardins sont des lieux propices à la mémoire », explique-t-il. « Ils peuvent réveiller des sentiments, des odeurs et des souvenirs que les gens ont oubliés depuis des années. » C'est exactement ce que son projet cherchait à faire.

Un jardin australien nostalgique

Plutôt que de suivre les tendances, Paul s'est inspiré du milieu du XXe siècle, des banlieues australiennes d'après-guerre des années 1960 et 1970, où les familles construisaient leurs propres jardins avec fierté et ingéniosité. C'était l'époque des barbecues en briques, des parterres de fleurs informels et des projets du week-end, raconte-t-il. « Je voulais capturer cet esprit débrouillard », explique-t-il. « L'idée que les jardins étaient faits de vos propres mains, et non pas simplement confiés à des professionnels. »

La palette de plantes reflète cette sensibilité, mais avec une touche moderne. Paul a sélectionné des plantes vivaces claires, tactiles et nostalgiques (géraniums, sauges, agastaches, penstemons) qui font écho aux choix populaires de cette époque, mais avec des variantes améliorées et des gammes de couleurs plus riches. Il a surtout choisi d'éviter les plantes indigènes australiennes. « Ce n'était pas un rejet des plantes indigènes », précise-t-il, « mais une façon de rester fidèle aux jardins de cette période et de les réinterpréter à travers un prisme contemporain. »

© Paul Pritchard et Lee Sanders Photography

La conception d'un jardin d'exposition comporte son lot de défis. Le site de Carlton Gardens étant classé au patrimoine, aucun terrassement n'était autorisé. Tout, des plantes aux allées en passant par les structures, a dû être construit au-dessus du sol. M. Pritchard a utilisé des plantes en pot et des structures temporaires pour simuler un paysage permanent, s'appuyant sur des illusions d'optique et des techniques de construction ingénieuses pour donner vie à l'espace.

Ce fut un travail passionnant qui a demandé beaucoup de temps. Paul estime avoir consacré environ 300 heures à ce projet sur une période de 11 mois, de la conception à l'installation. Mais pour lui, la véritable récompense est venue lorsque les visiteurs ont commencé à arriver.

© Paul Pritchard et Lee Sanders Photography

« Les gens s'arrêtaient et restaient là, sans bouger », raconte-t-il. « On pouvait voir les souvenirs affluer. Ils disaient : « Ma mère avait ces fleurs » ou « Cela me rappelle le jardin de mon enfance ». Certains ont même parlé de leur propre expérience de la démence. C'est là que j'ai su que cela avait fonctionné. »

La réaction du public a été extrêmement positive. Le jardin n'a pas seulement remporté des prix, il a suscité des conversations. Et cela a toujours été l'objectif.

© Paul Pritchard et Lee Sanders Photography

La technologie, un pont entre vision et réalité

En coulisses, le processus de M. Pritchard repose sur la conception numérique. Depuis 2010, il s'appuie sur Vectorworks Paysage, la plateforme de conception et de BIM, pour aider à préciser ses idées. Il utilise le logiciel pour modéliser les niveaux, les contours et les plans de plantation, des outils qui font le pont entre son côté créatif et son expérience dans le domaine de la construction.

© Paul Pritchard

« Je suis très visuel », dit-il. « Il est essentiel de pouvoir visualiser un espace en trois dimensions. Vectorworks m'aide à prendre des décisions rapides et précises. » Bien qu'il externalise les travaux de rendu 3D et photoréaliste les plus avancés afin de faire avancer ses projets, il souhaite développer ses propres compétences dans ce domaine. « J'aimerais approfondir mes connaissances du BIM et de la modélisation haut de gamme », confie-t-il. « C'est la direction que prend le secteur. »

© Paul Pritchard et Lee Sanders Photography

Et maintenant ?

Après un projet aussi exigeant et émouvant, Pritchard ne se précipite pas pour participer à la prochaine exposition. Il dit que sa participation future dépendra de la cause. « Je ne le ferai pas juste pour me faire connaître. Il faut que cela ait un sens. »

Cette approche correspond à sa vision plus large de la conception de jardins. « Un bon design raconte une histoire. Il crée des liens entre les gens. C'est ce que je veux que mon travail fasse, que ce soit dans le jardin de quelqu'un ou dans une exposition. »

« Je n'ai pas fait cela tout seul », a-t-il déclaré. « Et c'est justement le but. Nous ne sommes pas seuls face à des maladies telles que la démence. C'est une question de communauté, de soutien. C'est ce que symbolisait vraiment ce jardin. »

Dans un monde où l'aménagement paysager semble souvent dicté par les tendances, les budgets et les tableaux Pinterest, l'approche de Paul Pritchard se démarque. Son jardin d'exposition n'était pas seulement un exercice de design, mais un acte de commémoration. Un cadeau aux familles comme la sienne. Un espace paisible qui disait : « Vous n'êtes pas seuls. »

© Paul Pritchard et Lee Sanders Photography

Et ce faisant, il nous a rappelé la véritable raison d'être des jardins.

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Du studio à la terre

Le parcours de Pritchard dans le domaine de l'aménagement paysager n'a pas été linéaire. Il a commencé sa carrière en tant que graphiste, travaillant à l'intérieur, où il se concentrait sur la mise en page et les formes. Mais l'attrait du plein air et l'héritage familial du jardinage et de la rénovation ont progressivement pris le dessus. « Je ne me voyais pas rester à un bureau toute la journée », explique-t-il. « Je voulais être dehors, créer de vrais espaces. »

Cette impulsion l'a conduit à étudier l'horticulture à l'université, puis à rejoindre une entreprise d'aménagement paysager réputée à Melbourne. Il s'est rapidement orienté vers le côté construction de l'entreprise, apprenant à donner vie à ses créations dans le monde réel. Il a finalement fondé Paul Pritchard Landscapes, une entreprise qui existe depuis près de 30 ans et qui se spécialise dans la création de jardins résidentiels sur mesure à l'esthétique extraordinaire.

Concevoir avec une intention

Pour le Melbourne International Flower and Garden Show 2025, Pritchard ne souhaitait pas simplement créer une nouvelle pièce d'exposition. Son concept s'inspirait de son expérience personnelle : son père et son beau-père avaient tous deux souffert de la maladie d'Alzheimer, et ce jardin était pour lui un moyen de leur rendre hommage et de remercier l'association Dementia Australia, qui avait soutenu sa famille pendant ces moments difficiles.

« Les jardins sont des lieux propices à la mémoire », explique-t-il. « Ils peuvent réveiller des sentiments, des odeurs et des souvenirs que les gens ont oubliés depuis des années. » C'est exactement ce que son projet cherchait à faire.

Un jardin australien nostalgique

Plutôt que de suivre les tendances, Paul s'est inspiré du milieu du XXe siècle, des banlieues australiennes d'après-guerre des années 1960 et 1970, où les familles construisaient leurs propres jardins avec fierté et ingéniosité. C'était l'époque des barbecues en briques, des parterres de fleurs informels et des projets du week-end, raconte-t-il. « Je voulais capturer cet esprit débrouillard », explique-t-il. « L'idée que les jardins étaient faits de vos propres mains, et non pas simplement confiés à des professionnels. »

La palette de plantes reflète cette sensibilité, mais avec une touche moderne. Paul a sélectionné des plantes vivaces claires, tactiles et nostalgiques (géraniums, sauges, agastaches, penstemons) qui font écho aux choix populaires de cette époque, mais avec des variantes améliorées et des gammes de couleurs plus riches. Il a surtout choisi d'éviter les plantes indigènes australiennes. « Ce n'était pas un rejet des plantes indigènes », précise-t-il, « mais une façon de rester fidèle aux jardins de cette période et de les réinterpréter à travers un prisme contemporain. »

© Paul Pritchard et Lee Sanders Photography

La conception d'un jardin d'exposition comporte son lot de défis. Le site de Carlton Gardens étant classé au patrimoine, aucun terrassement n'était autorisé. Tout, des plantes aux allées en passant par les structures, a dû être construit au-dessus du sol. M. Pritchard a utilisé des plantes en pot et des structures temporaires pour simuler un paysage permanent, s'appuyant sur des illusions d'optique et des techniques de construction ingénieuses pour donner vie à l'espace.

Ce fut un travail passionnant qui a demandé beaucoup de temps. Paul estime avoir consacré environ 300 heures à ce projet sur une période de 11 mois, de la conception à l'installation. Mais pour lui, la véritable récompense est venue lorsque les visiteurs ont commencé à arriver.

© Paul Pritchard et Lee Sanders Photography

« Les gens s'arrêtaient et restaient là, sans bouger », raconte-t-il. « On pouvait voir les souvenirs affluer. Ils disaient : « Ma mère avait ces fleurs » ou « Cela me rappelle le jardin de mon enfance ». Certains ont même parlé de leur propre expérience de la démence. C'est là que j'ai su que cela avait fonctionné. »

La réaction du public a été extrêmement positive. Le jardin n'a pas seulement remporté des prix, il a suscité des conversations. Et cela a toujours été l'objectif.

© Paul Pritchard et Lee Sanders Photography

La technologie, un pont entre vision et réalité

En coulisses, le processus de M. Pritchard repose sur la conception numérique. Depuis 2010, il s'appuie sur Vectorworks Paysage, la plateforme de conception et de BIM, pour aider à préciser ses idées. Il utilise le logiciel pour modéliser les niveaux, les contours et les plans de plantation, des outils qui font le pont entre son côté créatif et son expérience dans le domaine de la construction.

© Paul Pritchard

« Je suis très visuel », dit-il. « Il est essentiel de pouvoir visualiser un espace en trois dimensions. Vectorworks m'aide à prendre des décisions rapides et précises. » Bien qu'il externalise les travaux de rendu 3D et photoréaliste les plus avancés afin de faire avancer ses projets, il souhaite développer ses propres compétences dans ce domaine. « J'aimerais approfondir mes connaissances du BIM et de la modélisation haut de gamme », confie-t-il. « C'est la direction que prend le secteur. »

© Paul Pritchard et Lee Sanders Photography

Et maintenant ?

Après un projet aussi exigeant et émouvant, Pritchard ne se précipite pas pour participer à la prochaine exposition. Il dit que sa participation future dépendra de la cause. « Je ne le ferai pas juste pour me faire connaître. Il faut que cela ait un sens. »

Cette approche correspond à sa vision plus large de la conception de jardins. « Un bon design raconte une histoire. Il crée des liens entre les gens. C'est ce que je veux que mon travail fasse, que ce soit dans le jardin de quelqu'un ou dans une exposition. »

« Je n'ai pas fait cela tout seul », a-t-il déclaré. « Et c'est justement le but. Nous ne sommes pas seuls face à des maladies telles que la démence. C'est une question de communauté, de soutien. C'est ce que symbolisait vraiment ce jardin. »

Dans un monde où l'aménagement paysager semble souvent dicté par les tendances, les budgets et les tableaux Pinterest, l'approche de Paul Pritchard se démarque. Son jardin d'exposition n'était pas seulement un exercice de design, mais un acte de commémoration. Un cadeau aux familles comme la sienne. Un espace paisible qui disait : « Vous n'êtes pas seuls. »

© Paul Pritchard et Lee Sanders Photography

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